Déclaration préalable à la Négociation FNCA du 25 juin 2013
En préalable à l’ouverture de cette séance nous voudrions vous faire part de nos véritables inquiétudes sur l’état de santé psychologique de nombre de nos collègues : de l’informatique, des services des sièges et des réseaux. Nous souhaitions vous en faire part au cours de la réunion de l’observatoire des conditions de travail prévue le 13 juin dernier et qui a dû pour des raisons tout à fait respectables être annulée. Nous n’avons pas manqué d’ailleurs d’exprimer au plus vite, par messagerie notre légitime « devoir d’alerte » auprès de Madame BIZOUARD en charge du dossier. Elle s’est empressée, et nous la remercions, de chercher à nous rencontrer. Nos calendriers n’ayant pas permis de trouver un créneau commun, nous avons pensé d’ailleurs qu’il était préférable que cette affaire d’une extrême gravité se traite ici même, en urgence puisqu’elle est en grande partie la conséquence des dossiers qui nous sont présentés en CNN. Le contenu de notre message à Madame Bizouard était le suivant :
"Bonjour Madame BIZOUARD, Nous avons bien pris note de l’annulation. En ce qui concerne l’ordre du jour, le temps consacré à l’évolution du suivi des contributions et préconisations me semble réduit par la présentation de nouveaux dossiers dont le projet chorale RSE, projet Nice V2 et conception des espaces….
Nous avions me semble-t-il définit le périmètre précis d’étude de la déclinaison de l’accord dans les entités, l’accord signé par la CGT avait pour objectif la recherche indispensable et concrète de solutions pour améliorer les conditions de travail de nos collègues.
Vous allez bien entendu faire le point sur l’avancement de la déclinaison, mais nous avons une réelle responsabilité, nous représentons les salariés et leurs intérêts et nous avons bien des inquiétudes à la fois quant à l’orientation que prend cette commission de suivi et plus encore sur l’insignifiance de ses effets sur les conditions de travail de plus en plus difficiles de nos collègues.
Cela fait 4 ans que le diagnostic « des maux » a été établi et le traitement prescrit reste parfaitement inadapté aux souffrances des salariés, j’irai même jusqu’à dire qu’il est parfois contre indiqué, Nous considérons comme impératif que la FNCA impose aux Caisses dans un délai court à définir la recherche et la mise en place de solutions avant que ne se multiplient les accidents graves, déjà nombreux, parfois malheureusement irréversibles.
Vous pourriez donc d’ores et déjà nous faire suivre les dossiers à présenter afin de nous dégager du temps utile aux échanges et à la recherche de solutions urgentes rapidement et facilement applicables dans les caisses et filiales.
Bien cordialement.
Alain BABIN pour la CGT"
Ce message faisait suite aux témoignages de nos syndicats, interrogés en préalable à l’observatoire. Ils se sont exprimés par 22 fois. Nous nous contenterons ici du témoignage de cette collègue du réseau qui reflète l’état d’esprit et le moral des troupes et résume assez bien la souffrance du quotidien pour ces femmes et ces hommes au service d’une Entreprise Coopérative Mutuelle, de l’économie Sociale qui est, parait-il, inscrite dans son ADN.
Voilà textuellement le témoignage, parmi d’autres, que nous a confié une collègue :
« Il nous faudrait aussi et surtout plus de moyens (humains et techniques) pour faire LE BON boulot qu’on aime…
L’argent c’est sûr, on serait heureux de l’avoir, la REC à 100 % c’est effectivement un juste retour de notre investissement mais si ça s’arrête à ça ce n’est pas suffisant, nos conditions de travail ne seront pas meilleures…
Ce que l’on vit aujourd’hui je n’ai jamais connu un truc pareil, une telle déception avec cet outil qui nous vient du temps des dinosaures, des procédures qui ne sont pas calées, des services du siège qui sont tellement débordés qu’ils ne répondent même plus à nos questions, nos clients qui quotidiennement nous insultent et nous menacent, le téléphone qui sonne qui sonne qui sonne, la pile de dossiers qui s’entasse car tu ne peux rien traiter immédiatement …Et dans une semaine c’est le début des congés, on va être à moitié effectif partout…
On est fatigué, écœuré et déçu.
Pour la plupart on aime notre métier, on l’a choisi parce qu’il est riche en expériences et en relations. On aime notre entreprise et on est fier d’y travailler, mais aujourd’hui beaucoup d’entre nous subissent ce quotidien et ne tiennent le coup que pour l’équipe dans laquelle ils travaillent. Si tu lâches, personne ne vient te remplacer, c’est tes collègues qui en paient le prix fort, alors on serre les dents, fort, mais pour combien de temps encore…
Il y a tant de chômeurs et nous on a tant de travail… Perso je suis vraiment triste de vivre ça… »
Vous pouvez toujours dire ou penser qu’au Crédit Agricole, les salariés ne sont pas au fond de la mine à pousser des wagonnets…
Il n’en demeure pas moins difficile de faire l’impasse sur un pareil témoignage, difficile et insupportable à entendre alors qu’un diagnostic déjà catastrophique a été partagé en 2008 et que depuis le remède est pire que le mal.
Et ce témoignage est encore plus difficile et insupportable pour notre organisation syndicale, qui après de longs débats houleux a décidé à la majorité de ses membres d’apposer sa signature sur un accord « innovant », confiant dans votre volonté affichée à vouloir trouver des solutions pour l’amélioration des conditions de travail des salariés.
Aujourd’hui, devant ce constat que rien n’a encore été fait, nous pensons que vous souhaitiez juste gagner du temps !
Les différends entre les camarades, quant à la signature de l’accord sur les conditions de travail, portaient sur le fait que le préambule de l’accord excluait d’office du diagnostic les vraies racines du mal que sont les moyens et la charge de travail.
Et, nous pouvions tous deviner que NICE, ou le SI Unique, loin de soulager notre quotidien, allait, avant de supprimer nos emplois, dégrader encore plus notre qualité de vie.
Et le sort des informaticiens n’est pas meilleurs.
Après la disparition presque discrète de quelque 1000 postes, le travail du dimanche est devenu récurrent pour certains, celui du samedi se cache derrière le vocable de « gestion des incidents majeurs » pour probablement faire appel au sens des responsabilités de chacun. Trois cents postes vacants ne seraient pas à pourvoir … et avec une organisation qui peine à se mettre en place, la charge de travail a bien du mal à être distribuée mais elle est pourtant là.
Alors le recours aux prestataires de services se perpétue dans des conditions toujours plus difficiles et quelques accidents tragiques sont constatés. Et de l’avis des directions, il faudrait lever toutes interrogations quant à l’incidence potentielle des conditions de travail au CA, avant même que ne soient obtenues les conclusions des rares enquêtes menées.
Aujourd’hui est inscrit à l’ordre du jour, l’annexe 2 de la CCN, la RTT, l’un des derniers « acquis » théorique de la lutte, puisque depuis sa mise en place les effectifs ont été réduits de 4 000 ETP alors qu’à activité égale, il vous incombait d’en créer 6500, et nous vous l’avions déjà signifié dans notre déclaration en septembre 2009.
Alors de grâce, que ceux qui rabâchent, régulièrement chez CASA « c’est l’activité qui fait l’emploi » se taisent à tout jamais ! Nous percevons bien dans leur propos les prémices de la recette PMT et ses annonces à venir avec les ingrédients suivants :
1. Réduction des activités au prétexte des contraintes économiques, règlementaires et fiscales
2. Transfert d’une part de plus en plus importante de nos tâches vers le client, par le biais de NICE V2 (réalisé à moindre frais pour le CA grâce au crédit impôt-recherche) : vous pourriez avec un peu de cynisme présenter ce nouvel outil comme une solution pour soulager un peu la charge de travail évoquée dans le témoignage précédant
3. Accélération des coopérations et des regroupements géographiques de services transverses pour gagner en compétitivité, tout ça « merveilleusement » (pour vous) accompagné par le crédit d’impôt compétitivité et les mesures de l’Accord National Interprofessionnel de 2013 et sa retranscription rapide dans la loi
En sommes, le risque qu’il n’y ait rien de mieux est aussi grand que celui que vous continuiez à appuyer là où ça fait déjà mal.
Sûrement pas la solution aux insupportables conditions de travail des salariés du Crédit Agricole.
Quant à participer de manière sociale et solidaire à la réparation des effets dramatiques de la financiarisation qui plongent la planète dans une crise endémique, en travaillant à créer de nouveaux emplois et en participant à booster l’activité plutôt qu’en cherchant à reconquérir des dividendes, peut-être le sujet vous paraitra trop éloigné du temps de travail.
Pourtant le temps de travail est implicitement lié aux salaires, aux conditions de travail et à l’emploi.
Alors nous souhaitons aujourd’hui avoir une réponse claire sur ce que vous envisagez de faire concrètement, immédiatement et de manière pérenne pour trouver une solution à cette situation et pour éviter d’être accusé demain de « non-assistance à personne en danger » ?
En fonction de votre réponse, nous prendrons les décisions qui s’imposent !
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