Depuis plusieurs années, le contexte économique morose, le poids des contraintes réglementaires imposées aux banques et l’avantage d’avoir un travail dans une société où le chômage fait rage sont utilisés par la Direction pour restreindre les augmentations collectives annuelles de salaire qui sont devenues de quelques euros par mois seulement.
Et chaque année, de nouvelles pertes financières abyssales relatives aux orientations choisies par les dirigeants du groupe sortent du chapeau et les Caisses régionales du CA parviennent sans cesse à y faire face. Malgré ces turbulences financières, les Caisses régionales du CA sont des entreprises en bonne santé : leurs fonds propres sont à un niveau plus que satisfaisant et leurs résultats nets dépassent avec constance les 3 milliards d’euros malgré les pertes abyssales successives (subprimes, Grèce, dépréciations multiples, Portugal, Pénalité américaine au regard des embargos).
A cela s’ajoutent, depuis plus de 30 ans, les soutiens récurrents aux entreprises des gouvernements successifs : exonérations sur exonérations de cotisations sociales, Crédits d’impôts pour la Recherche, pour la Compétitivité et l’Emploi … Et au fil des départs, les effectifs baissent, les salariés croulent sous le travail et les heures supplémentaires non payées sont entrées dans les mœurs.
L’année 2015 ne déroge en rien à ce décorum, les résultats nets sont excellents au point d’inquiéter le Directeur Général de Crédit Agricole SA sur la capacité du groupe à promettre aux marchés encore mieux demain et, pour les augmentations de salaires, la délégation patronale FNCA propose encore des clopinettes.
Le dialogue social est bien nourri ! Les données économiques, financières et sociales sont partagées, les revendications de chacune des organisations syndicales sont soutenues individuellement et enfin la négociation est ouverte :
« avez-vous bien mesuré la difficulté ? Nous devons gagner la liberté d’exercer notre métier de banquier » martèle l’employeur
« par leur travail les salariés créent beaucoup de richesse et ils vivent de plus en plus difficilement, notamment sur les positions de classification les plus basses » répètent les uns, « une augmentation importante des salaires est indispensable pour répondre à leurs besoins, participer à la relance économique et ce n’est que justice au regard des efforts réalisés et des moyens disponibles ! »
« c’est vrai mais restons raisonnables : une augmentation de 10 à 31 € bruts mensuels selon la classification seraient acceptable et nous ne sommes pas favorables à une augmentation plus importante des classifications les plus basses » ajoutent les autres
Après bien des débats et 3 interruptions de séance :
la 1er proposition patronale oscille, selon les classifications, entre 3,70 et 11 € bruts/mois
pour s’établir ensuite entre 11 et 26€ bruts/mois.
Bien loin des demandes portées, justifiées et défendues par la CGT !
Mesurant bien les besoins réels des salariés et les moyens des Caisses régionales, la CGT décide de quitter le théâtre d’une pièce bien rodée !!
"Pauvres gens et misérables, peuples insensés, nations opiniâtres en votre mal et aveugles en votre bien, vous vous laissez enlever, sous vos propres yeux, le plus beau et le plus clair de votre revenu, piller vos champs, dévaster vos maisons et les dépouiller des vieux meubles de vos ancêtres ! vous vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous. Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies.
Et tout ce dégât, ces malheurs, cette ruine enfin, vous viennent, non pas des ennemis, mais bien certes de l’ennemi et de celui là même que vous avez fait ce qu’il est, pour qui vous allez si courageusement à la guerre et pour la vanité duquel vos personnes y bravent à chaque instant la mort.
Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes.
Ce qu’il a de plus que vous, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire" Etienne La Boetie
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